Peut-être le meilleur beat them all de la génération sortante, le Bayonetta de PlatinumGames, édité par Sega, n’a été adopté « que » par 2 millions de personnes dans le monde. Résultat, on ne doit l’existence de sa suite, près de cinq ans plus tard, qu’au soutien de Nintendo. Voilà qui cantonne la brune sorcière à un retour sur Wii U. Mais sa présence exclusive ne constituerait-elle pas la meilleure raison de se procurer la machine ? Premier avis Gamepad en mains…
La question de l’exclusivité de Bayonetta 2 a divisé. Des fans ont protesté – alors qu’ils devraient se montrer reconnaissants que Big N rende possible la pérennité de la licence. Le développeur, dans son coin, a préparé la meilleure réplique qui soit : un jeu qui s’annonce éblouissant. Avec cette suite qui démarre sur les chapeaux de roue, la femme à lunettes ne retient jamais ses coups. Durant les premières heures de jeu, elle apparaît plus sexy, insolente, surpuissante – et un brin déjantée – que jamais.
S’il semble établi qu’un lien avec le premier volet (qui sera inclus dans 2 des 3 éditions proposées) risque de se voir développé, le nouveau a pour premier objectif un sauvetage. Celui de Jeanne, la comparse blonde platine qui, durant le prologue, voit son âme kidnappée dans les profondeurs de l’Enfer. Cet événement fâcheux aura succédé à un affrontement speed et sanglant avec des anges au design toujours plus étrange, et précédé un autre complètement fou, en volant tel un ange SM vers le sommet d’un gratte-ciel, face à une invocation, Gomorrah, curieusement rebelle. Tout le monde en veut à la sorcière ? Elle a davantage de ressources. A commencer par son Apothéose de l’Umbra, nouvelle option de « finish » lorsque les orbes de magie, qui se remplissent grâce aux combos enchaînées et aux évitements parfaits, sont pleines. En plus des châtiments habituels à l’aide d’instruments de torture moyenâgeux ne faisant (très, très) mal qu’à une seule victime, elle peut asséner des attaques limitées dans le temps mais balayant une surface bien plus large. Et qui interrompt tout mouvement adverse par sa violence. Stratégiquement, ça peut jouer.
Bien qu’il soit désormais possible de faire jouer mémé par le biais de l’écran tactile du Gamepad, et que l’on apprécie cette ouverture d’esprit, le coeur du jeu reste le système de combat et ses rixes à la fois riches, spectaculaires et intenses. Ce chapitre reprend les bases ô combien satisfaisantes de l’original. Proche du Dante de Devil May Cry par sa souplesse, sa classe chorégraphique, son punch et sa réactivité, ainsi que par l’emprunt de quelques mimiques (comme le surf sur dos d’antagoniste), Bayonetta reste singulière grâce à son mode Envoûtement, accessible en cas d’esquive de justesse. Stase d’un peu plus d’une seconde, il permet au joueur précautionneux et avec de bons réflexes – quoique c’est un poil plus permissif qu’auparavant – de réussir à se passer des différents bonus de vie ou de magie et punir à la queue-leu-leu. Indispensable, ce système permet de viser les scores parfaits et les meilleurs trophées de section (jusqu’au niveau Platine Pur).
Peu bouleversé, l’ensemble a été affiné et ne laisse plus aucune place au hasard. On peut absolument tout anticiper en se montrant concentré et en connaissant un peu ses combinaisons. La caméra si peu docile a semble-t-il pris un coup de cravache sur le postérieur tant elle ne représente plus un danger à notre intégrité, s’ajustant de manière quasi-idéale pour que l’on puisse deviner qui nous attaque et quand. Bref, c’est rapide, chargé, explosif, orgiaque, avec un sentiment de puissance inouï. Mais toujours lisible, notamment parce que les problèmes de tearing et de fluidité (on tourne en 60 fps constant, désormais) ont été éradiqués. Soyez donc rassuré(e)s.
Et le reste ? Disons qu’entre les ennemis colossaux, les invocations qui continuent à laisser parler des démons appliquant des pressions de plusieurs gigatonnes, les décors parfois chargés et vomissant des couleurs plus vives qu’auparavant, un casting toujours fou et des effets de mise en scène qui ne ramènent pas la licence à une sobriété approuvée par Famille de France, le plaisir s’annonce total, brutal, et un peu coquin. C’est souvent complètement con, adressé à des personnes qui apprécient le what the fuck et ne voient pas l’oeuvre du malin dans la moindre pose exagérément lascive – avec cadrage de bon aloi. On est là, à la cool, sur fond de J-Pop entêtante, pour se détendre en humiliant des adversaires colossaux et en leur renvoyant leur arme à la tronche. Et pour longtemps, dirait-on.
Parce qu’il y aura de quoi manger avec ses différents niveaux de difficulté et son contenu qui se présente comme gargantuesque : de nouvelles armes à dénicher et associer pour des modifications de style à la volée, des défis cachés dans les sections faisant place à un peu plus d’exploration (avec des phases sous-marines où la belle devient serpent), un mode deux joueurs en ligne appelé Double Apothéose avec une I.A. offline en cas d’attente, des tas de costumes qui vont jusqu’à offrir de nouvelles animations, d’objets bonus, de persos cachés… Il ne fait absolument aucun doute que la femme aux talons revolver a l’intention de nous soumettre à sa volonté. Elle va nous faire mal. Elle va nous faire du bien.
Reste à voir dans quelles proportions et s’il n’y aura pas trop de redites ou de phases longuettes et hors-sujet, comme de la moto et du ride sur une fusée. Réponse dans le test qui confirmera si, oui ou non, il s’agit de la plus belle offrande à la console de salon de Nintendo depuis ses débuts.